Certains patrimoines, les plus remarquables, sont inscrits sur la liste UNESCO des biens en péril. A l’heure actuelle, plus de 54 sites y figurent (voir ici). Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Des centaines d’autres, voire bien plus, moins connus, attendent sagement une mort quasi programmée. Architecture, peinture, sculpture, tous, sans exception, ont une histoire à raconter, une mémoire à partager, une prouesse technique à faire découvrir. Mais à l’heure actuelle, rien ne permet de les référencer, ni d’en connaitre l’histoire précisément.
Le temple de Wat Pho Chai, au nord-est de la Thaïlande, les monastères du site de David Gareji dans le sud-est de la Géorgie, les maisons à pans de bois d’Alsace, les églises byzantines d’Albanie, les palais abandonnés du nord de l’Inde, certains temples cambodgiens méconnus du public (eh oui, eux aussi) ou encore les pétroglyphes et les chemins préhispaniques de Colombie; tous ont au moins deux points communs : ils sont dans un état de dégradation avancé et sont voués à disparaître, sous les actions de l’homme et de la nature, si rien n’est fait.
Mais justement, que faire ?
Les technologies nous permettent aujourd’hui de garder en mémoire images et données. Nous les utilisons comme nous utilisons papier et stylo. Or, soyons honnêtes, après avoir lu votre livre, qu’en faites-vous ? Personnellement, je le mets dans ma bibliothèque et je passe au suivant. Pourtant, les technologies nous offrent des possibilités que nous n’aurions pas imaginées il y a quelques années encore. Alors pourquoi ne pas repousser encore un peu plus les limites en les utilisant pour sauver ces patrimoines ?
Deux notions s’offrent à nous, et sont probablement les clefs d’un processus réussi : la participation – il nous suffit de voir le succès des plateformes collaboratives et participatives comme Wikipédia – et la réalité virtuelle. L’alliance de ces deux fonctionnalités nous permettent d’ouvrir des horizons encore peu ou pas explorés et d’imaginer des issues à la sauvegarde des biens en péril
Mais avant de vous faire découvrir le monde que je cherche à mettre en place et à vous le faire partager, imaginez-vous dans une boite. Vous n’avez ni porte, ni fenêtre. Votre espace est restreint. Vous n’avez aucun moyen de communiquer avec l’extérieur. Pas très engageant, n’est-ce pas ?
Votre boîte correspond au modèle 3D que vous avez restitué. Vous y avez intégré vos données et l’avez amélioré afin de le rendre lisible. Mais votre modèle n’évolue plus. Vous êtes figé. Vous décidez donc de passer au projet suivant. Affaire classée !
Imaginons maintenant que, par le plus grand des hasards, un marteau se trouve près de vous (c’est un beau hasard). Vous décidez de percer une première ouverture. Après quelques efforts, un premier rayon de lumière pénètre dans votre boite. Vous avez finalement ouvert une première fenêtre vers l’extérieur. Vous vous penchez et découvrez que tout un environnement entoure votre boite. De nombreux passants, s’approchent et commencent à échanger avec vous. Ils vous partagent leurs connaissances, leurs perceptions du lieu. Vous pouvez enfin vous faire une idée de l’environnement. Cette petite boîte, que vous pensiez alors être finie, prend une autre dimension.
Vous décidez, en fonction des informations qui vous ont été confiées, de déplacer les meubles qui encombraient l’espace. Vous modifiez les lieux et repoussez les murs. Cette petite boîte change d’aspect et évolue progressivement. Vous glissez au fur et à mesure vers une réalité alternative.
Votre modèle s’approche de plus en plus de la réalité (sans jamais véritablement y parvenir). Vous souhaitez donc poursuivre l’expérience et pour cela, vous décidez de développer un outil de récupération de données. Cet outil va permettre l’élaboration une base de connaissances complète, générée par chacun d’entre nous (public, touristes, famille, laboratoires étrangers ou indépendants, institutions …). Le bêta modèle (modèle de base), souvent relevé par photogrammétrie et par laser, va s’enrichir pour générer une nouvelle image, un nouveau bien alternatif, dans un monde enrichi. Un Second Life du patrimoine, un monde des possibles ou un lieu (j’ai bien dit lieu et non serveur) de reconfiguration des biens.
De là, de très nombreuses possibilités s’offrent à nous … voyager dans des lieux inconnus, voyager dans le temps, se former, avoir accès aux informations en temps réel, tester, reconstruire, poursuivre la recherche et peut-être même toucher et ressentir l’environnement… Je vous expliquerai également comment va fonctionner l’outil et comment vous pourrez y contribuer. Mais patience, c’est une autre histoire …
Crédit image (bannière) : ScanPyramid, que je vous invite à découvrir actuellement à Paris citedelarchitecture.fr